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« Renforcer les voix qui protègent » : à Kirotshe et Nyiragongo, la communauté se forme pour dire non aux violences basées sur le genre

« Renforcer les voix qui protègent » : à Kirotshe et Nyiragongo, la communauté se forme pour dire non aux violences basées sur le genre

Masika Rosalie 2025-12-06 15:10:00

Du 2 au 5 décembre 2025, dans les zones de santé de Kirotshe et Nyiragongo, un mouvement discret mais déterminant a pris forme. Pendant quatre jours, des Agents Psycho-Sociaux (APS), des jeunes des clubs champions genre et des membres d’Organisations à Base Communautaire (OBC) se sont retrouvés autour d’un même objectif : mieux protéger les filles, les femmes et toutes les personnes exposées aux violences basées sur le genre (VBG).

Organisé par MIDEFEHOPS ASBL dans le cadre du projet PAMOJA TUTAWEZA, financé par le Fonds Humanitaire en RDC et mis en œuvre en consortium avec AVSI et SYOPADI-FEM, cet atelier s’inscrit dans la dynamique de la campagne internationale des 16 jours d’activisme contre les VBG.

Quand la connaissance devient protection

Dans ces zones affectées par des crises récurrentes, les familles vivent au rythme de l’insécurité, des déplacements et de la précarité. Ce contexte fragilise les mécanismes de protection et augmente le risque de violences, tout en isolant davantage les survivantes. Pour beaucoup de filles et de femmes, la peur, la stigmatisation et le manque d’information restent des barrières majeures à l’accès aux services de prise en charge.

Face à cette réalité, l’atelier avait une ambition claire : outiller les acteurs communautaires qui se trouvent en première ligne pour prévenir, identifier, orienter et accompagner les survivantes. Car lorsqu’une communauté est formée, informée et mobilisée, elle devient elle-même un rempart protecteur.

Quatre jours d’apprentissage intense et d’échanges de terrain

Durant quatre jours, les participants ont suivi un programme dense, mêlant apports théoriques, études de cas et échanges d’expériences. Parmi les thématiques abordées :

  • Généralités sur les VBG et compréhension des différentes formes de violences, ainsi que leurs conséquences physiques, psychologiques et sociales ;

  • Concept de genre et ses implications dans la société ;

  • Approches psycho-sociales pour accompagner les survivantes ;

  • Rappel sur la gestion des cas, les outils à utiliser et le circuit de référencement adapté ;

  • Masculinité positive et estime de soi, pour engager aussi les hommes et les garçons dans la prévention ;

  • Monitoring de protection, pour mieux documenter les incidents et renforcer les systèmes d’alerte.

Les méthodes pédagogiques – études de cas, discussions interactives, partage d’histoires vécues – ont permis aux participants de relier immédiatement les contenus à leur réalité quotidienne.

Des objectifs concrets derrière chaque module

Derrière chaque séance de formation, des objectifs précis :

  • Renforcer les capacités techniques des APS afin qu’ils puissent offrir un accompagnement de qualité aux survivantes ;

  • Outiller les clubs de jeunes champions genre pour mener des actions de sensibilisation plus efficaces, inclusives et adaptées aux différentes catégories de la population ;

  • Consolider le rôle des OBC comme relais communautaires clés dans la prévention des VBG et la diffusion d’informations fiables ;

  • Amplifier la mobilisation autour des 16 jours d’activisme, pour que chaque acteur communautaire porte un message sans ambiguïté : la VBG n’a pas sa place dans nos communautés.

« Nous devons être les premiers gardiens de notre communauté »

Pour beaucoup d’APS, de jeunes et de membres d’OBC, ces quatre jours ont été bien plus qu’une simple formation. Ils ont constitué un espace de parole rare, où les difficultés rencontrées sur le terrain ont pu être nommées, partagées et analysées ensemble.

« Nous devons être les premiers gardiens de notre communauté », a résumé l’un des participants, rappelant que la protection commence au niveau du village, du quartier, de la famille.

En croisant les expériences, les participants ont identifié des solutions locales, adaptées au contexte de Kirotshe, Nyiragongo et Rutshuru : renforcer les messages de sensibilisation dans les églises et écoles, améliorer la confidentialité dans la gestion des cas, impliquer davantage les leaders communautaires et religieux, mais aussi les hommes et les garçons dans la lutte contre les VBG.

De la salle de formation au terrain : l’engagement continue

L’action de MIDEFEHOPS ASBL et de ses partenaires ne s’arrête pas à la remise des attestations. Dans les prochaines semaines :

  • des évaluations des pratiques acquises seront menées pour mesurer l’impact réel de la formation ;

  • des sessions de coaching individuel seront proposées aux APS et aux jeunes champions pour les accompagner dans leurs premières activités post-formation ;

  • des activités communautaires de sensibilisation seront organisées dans le cadre des 16 jours d’activisme, afin de porter les messages de prévention au plus près des populations.

L’objectif est clair : transformer les connaissances en actions concrètes, capables de prévenir les violences, de protéger les personnes à risque et de restaurer la dignité de chaque survivante.

En renforçant les capacités des APS, des jeunes champions genre et des OBC, le projet « PAMOJA TUTAWEZA » contribue à bâtir un réseau communautaire vivant, engagé et résilient dans les zones de santé de Kirotshe, Nyiragongo et Rutshuru.
Un réseau qui écoute, qui oriente, qui protège. Un réseau qui, jour après jour, fait reculer le silence et la peur, pour laisser davantage de place à la justice, à la solidarité et à l’espoir.

MIDEFEHOPS ASBL