Lutter contre les VBG, c’est protéger la dignité et l’avenir des femmes et des filles
Dans l’Est de la RDC, les violences basées sur le genre (VBG) restent l’une des menaces les plus silencieuses mais aussi les plus destructrices pour la vie des femmes et des filles. Elles fragilisent les familles, brisent la confiance, freinent l’autonomie économique et compromettent l’avenir des enfants. C’est pour faire reculer cette réalité, renforcer la prévention et favoriser des communautés plus sûres que MIDEFEHOPS ASBL, en consortium avec AVSI et SYOPADIS-FEM, mène des actions de sensibilisation dans le cadre du projet PAMOJA TUTAWEZA, financé par le Fonds Humanitaire (FH) en RDC.
Deux séances de sensibilisation au cœur des espaces de vie des femmes
Dans la dynamique des 16 jours d’activisme, le 16 décembre 2025, des séances communautaires ont été organisées dans la zone de santé de Nyiragongo et Kirotse, en privilégiant des lieux accessibles, où les femmes vivent, échangent et travaillent. la première séance s’est tenue dans l’aire de santé de Kasizi, précisément à Kiroje. La seconde séance a eu lieu dans l’aire de santé de Kingarame, au marché Mboga, un lieu central des activités économiques des femmes. Ces rencontres ont rassemblé des femmes, des hommes, des jeunes, des leaders communautaires et des acteurs locaux, autour d’un message clair : prévenir les VBG, c’est protéger la dignité, la santé, les droits et la sécurité de toute la communauté.
Pourquoi cette sensibilisation est essentielle
La sensibilisation communautaire n’est pas un simple “message public” : c’est une formation de proximité, adaptée au contexte local, qui vise à changer durablement les comportements et à renforcer la protection. Elle permet d’abord de briser le silence et de réduire la stigmatisation, car beaucoup de survivantes n’osent pas parler par peur du rejet, des représailles ou de la honte. En abordant les VBG publiquement, avec des mots simples et respectueux, la communauté comprend que la violence n’est jamais normale et que la victime n’est pas coupable.
Ces séances aident aussi les participants à mieux comprendre les différentes formes de VBG et leurs conséquences. Les échanges ont mis l’accent sur les violences physiques, sexuelles, psychologiques et économiques, ainsi que sur des pratiques souvent banalisées comme le harcèlement, les mariages précoces ou forcés, et certaines formes de violence conjugale. Les impacts sont graves : traumatismes, risques sanitaires, déscolarisation, isolement social, perte de revenus, et fragilisation du tissu familial.
Enfin, la sensibilisation renforce la responsabilité collective. La prévention des VBG ne repose pas seulement sur les femmes : elle implique aussi les hommes, les leaders, les familles et les jeunes. Une communauté informée sait comment protéger, alerter, accompagner et orienter vers les services disponibles, et elle contribue à faire évoluer les normes qui tolèrent la violence.
Comment l’activité a été menée
Pour garantir une approche utile et comprise par tous, l’équipe du projet a privilégié des échanges directs (questions-réponses, discussions guidées) plutôt qu’un discours “descendant”. Les messages ont été adaptés au contexte local, en tenant compte des réalités socio-économiques et culturelles, et illustrés par des exemples concrets du quotidien : violences au foyer, au marché, sur le chemin, ou dans certaines relations de dépendance.
Au marché Mboga, le choix du lieu a eu une valeur stratégique : parler de protection là où les femmes travaillent permet d’aborder aussi les risques réels (harcèlement, pressions économiques, exploitation, abus de pouvoir) et de renforcer la solidarité entre femmes. Les principes de respect, confidentialité, non-discrimination et sécurité ont été rappelés tout au long de la sensibilisation.
Les effets déjà observés dans la communauté
Même en une ou deux séances, les retombées peuvent être fortes lorsque le message est clair et porté collectivement. À Kiroje comme à Mboga, les participants ont exprimé une meilleure compréhension de ce qui constitue une violence, y compris les violences psychologiques et économiques souvent minimisées. Plusieurs ont aussi souligné l’importance d’impliquer les hommes et les leaders, car la prévention devient plus efficace lorsque les normes communautaires évoluent.
Les discussions ont renforcé l’idée que la communauté a un rôle direct à jouer : écouter sans juger, soutenir plutôt que blâmer, orienter rapidement vers les services disponibles, et ne plus banaliser certaines violences “habituelles”. Des femmes ont indiqué se sentir davantage en confiance pour chercher de l’aide et pour en parler à d’autres, afin qu’aucune survivante ne reste isolée.
Témoignage (nom modifié pour protéger l’identité)
“Avant, je pensais qu’il fallait supporter en silence pour protéger le foyer. On nous dit souvent : ‘c’est la vie d’un couple’. Mais aujourd’hui j’ai compris que la violence détruit tout, même les enfants. Ce qui m’a le plus marquée, c’est quand on a dit que ce n’est pas à la femme d’avoir honte, mais à l’auteur de la violence. Je me sens plus forte. Je sais maintenant où chercher de l’aide, et je vais aussi parler à mes voisines pour qu’elles ne restent pas seules.” “Jeannette M”, femme commerçante au marché Mboga
Un engagement qui continue
À travers ces séances, PAMOJA TUTAWEZA réaffirme son engagement : soutenir la prévention, renforcer la protection, et promouvoir des communautés où les femmes et les filles vivent sans peur, avec dignité. La lutte contre les VBG exige de la continuité : multiplier les espaces d’écoute, renforcer les messages, mobiliser les leaders, et rendre les services de prise en charge mieux connus et plus accessibles.
Parce qu’une communauté qui protège ses femmes et ses filles protège aussi son avenir.